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TRAVAILLER AUTREMENT
PAROLES D’EXPERTES
Nouveaux espaces, nouveaux outils digitaux, nouvelles structures… nos façons de travailler évoluent plus que jamais de manière significative. quels sont les impacts de ces changements sur la durabilité, le bien-être ou la créativité ? what else ? a réuni trois expertes pour comprendre les enjeux de cette révolution professionnelle.
Par Peyo Lissarrague Photos Laetizia Bazzoni
Femke Aerts
« Ma journée de travail commence toujours avec un café. C’est un rituel immuable. Dans tous les échanges professionnels, proposer un café change évidemment l’expérience de l’interlocuteur. A fortiori quand on choisit une marque de qualité ! »
Femke Aerts est Senior HR Manager People & Organisation au sein du
cabinet international d’audit Pricewaterhouse Coopers. Elle est spécialisée dans les questions de ressources
humaines, de stratégie et de future of work.
> pwc.be
Derrière l’expression « new ways of working » (nouvelles façon de travailler) se cachent plusieurs bouleversements. Certains sont directement liés à la digitalisation — l’épidémie de Covid-19 a été l’occasion de constater le développement croissant du télétravail et des conférences vidéo — mais d’autres relèvent plutôt de la structure organisationnelle de l’entreprise, du management ou de l’aménagement de l’espace. « Il est avant tout question d’agilité, de flexibilité, précise Femke Aerts, Senior HR Manager dans le cabinet d’audit Pricewaterhouse Coopers (PwC). Les organisations font face à des défis inédits. Pour s’y adapter, elles doivent tenir compte de l’expérience humaine, mais aussi des évolutions de leurs besoins futurs. Personne ne peut imaginer aujourd’hui comment évolueront nos environnements de travail à moyen terme. C’est dans cet esprit que PwC s’est associé à Vitra pour repenser totalement l’espace de notre Experience Center à Zurich sous le signe de la modularité. » « Ni tout à fait open space ni tout à fait cloisonné, le lieu de travail en 2020 est avant tout capable de se transformer. Il s’ajuste en fonction de chaque tâche et selon les besoins changeants de chaque organisation, ajoute Tineke Foblets, chef de projet chez Vitra. Le degré de stabilité ou de transformation peut même varier selon les services au sein d’une même entité. Le confinement a fait changer le regard sur le télétravail, qui est une alternative de plus en plus répandue, mais il ne doit pas faire oublier les vertus des interactions physiques, surtout dans un environnement où il est à la fois possible de se concentrer, de s’isoler et de travailler collectivement. Que ce soit dans un lieu de coworking ou dans les bureaux d’une entreprise, quand les collaborateurs se sentent à l’aise, ils développent un sentiment d’appartenance qui favorise leur implication et leurs performances. »
Tineke Foblets
« Je bois volontiers un café avec mes clients, c’est un ice breaker parfait pour amorcer une conversation. Il incarne ce lien social essentiel dont nous continuons à avoir besoin et qu’aucune technologie de travail à distance ne peut réellement remplacer. »
Tineke Foblets est architecte d’intérieur. Depuis plus de 20 ans,
elle est Project Manager chez Vitra, entreprise suisse de conception de meubles.
> vitra.com
Marie Delvaulx
« Le café est un élément fédérateur.
Il permet d’ouvrir le dialogue lors d’une
réunion, par exemple, mais aussi entre collègues. On ne se retrouve pas pour rien à la machine à
café… »
Marie Delvaulx est directrice de l’association The Shift, une
plateforme de développement durable qui rassemble plus de 440 entreprises, ONG et organisations en vue de
stimuler des partenariats et de contribuer à la création de modèles opérationnels durables.
> theshift.be
Souplesse et innovation
« L’amélioration du bien-être et la multiplication des opportunités de développement offertes aux employés sont un des corollaires principaux de ces évolutions, explique Femke Aerts, en tant que spécialiste de leadership et de future of work. En facilitant la flexibilité et en accordant une plus grande autonomie aux collaborateurs, les new ways of working responsabilisent chacun et encouragent l’initiative personnelle. » Pour Marie Delvaulx, directrice de l’association The Shift, une plateforme de développement durable, « elles déconstruisent également les hiérarchies habituelles pour imposer de nouvelles formes de leadership. De ce point de vue, on peut considérer qu’en favorisant l’émulation et les contacts transversaux, l’évolution du cadre de travail peut aussi rééquilibrer certaines dynamiques, notamment dans les grandes entreprises, et être un facteur d’égalité. Mais il n’y a pas de solution unique. Que ce soit au niveau sociétal ou environnemental, les nouvelles voies doivent être explorées en tenant compte de la culture d’entreprise et d’une série d’éléments souvent complexes. Notamment sur les questions de durabilité. »
Une prise de conscience nécessaire
« Durabilité » : le mot est lâché. Dans les nouvelles approches de travail, elle joue en effet un rôle essentiel. Les organisations et les collaborateurs sont de plus en plus sensibles à cette problématique. « On le constate dans le choix des mobiliers de bureau, confirme Tineke Foblets, qui est également architecte d’intérieur. Les éléments recyclables ou recyclés sont très présents. On cherche à donner une seconde vie aux objets. Chez Vitra, nous avons ainsi créé Vitra Circle, qui permet d’acquérir des meubles de stock ou d’exposition remis à neuf. » À la tête de son association qui fédère plus de 440 entreprises et ONG, Marie Delvaulx abonde dans ce sens : « La durabilité, au sens large, devrait être prise en compte comme élément essentiel dans toute organisation. L’intégration du principe d’économie circulaire dans l’aménagement des bureaux est un exemple. Avec ce volet d’économie circulaire absolument essentiel, on voit apparaître, par exemple, des solutions de location de mobilier qui évitent les achats inutiles et réduisent l’impact sur l’environnement. Il faut aussi évoquer les enjeux de mobilité liés aux nouvelles organisations du travail. L’accessibilité par les transports en commun afin de réduire les émissions de CO2 ou le développement du télétravail sont des tendances fortes qu’intègrent désormais les organisations. C’est un changement de paradigme qui porte d’ores et déjà ses fruits. »